dimanche 20 janvier 2013

Nucléaire : infaillibilité totale

Presque 2 ans après l'accident nucléaire de Fukushima, la situation n'est toujours pas maîtrisée. Les risques de catastrophe à l'échelle de la planète persistent.


Site de référence : fukushima.over-blog.fr


Accident nucléaire de Fukushima

Le vendredi 11 mars 2011, à 14h46, a lieu le séisme le plus violent survenu au Japon.
Dans la vieille centrale de Fukushima Daiichi, les réacteurs s'arrêtent suite à la détection des secousses.
51 minutes plus tard une vague de 15 mètres s'abat sur les côtes nippones, et inonde totalement la centrale. Les moyens de refroidissement de la centrale tombent les uns après les autres. N'étant plus refroidi, 3 des 6 réacteurs fondent quelques heures plus tard et les matières hautement radioactives se rependent dans le sol. Lors des 4 jours suivants, 7 explosions vont affaiblir les infrastructures et produire des rejets massifs de composés radioactifs.

Voir Wikipedia : Accident nucléaire de Fukushima



Fusion du coeur d'un réacteur nucléaire

La fusion du réacteur est le principal risque de pollution de l'exploitation civile de l'énergie nucléaire. Elle survient lorsque le coeur du réacteur qui contient le combustible nucléaire surchauffe tellement que tout fond à l'intérieur. Cette montée en température est possible car même après l'arrêt du réacteur, celui-ci émet toujours de la chaleur qui doit être dissipée. Si ce n'est pas le cas, la température monte jusqu'à la température de fusion du combustible. Il se forme alors un magma rassemblant le combustible et les installations du réacteur : le corium.

Voir Wikipedia : Fusion du coeur d'un réacteur nucléaire

Réacteur de Three Mile Island


Corium

Il ne s'agit pas d'un métal ou d'un composé, mais de l'ensemble du coeur du réacteur et du combustible porté à très haute température. Cette température est auto-entretenue par les réactions nucléaires des matériaux qu'il contient. Son intensité extrême (3000°C) et sa densité, permet au corium de traverser toutes les protections possibles. Les mètres de béton ne font que ralentir sa descente provoquée par la pesanteur.

Voir l'article de Fukushima over-blog : Le corium de Fukushima



Et à Fukushima ?

En raison de la nature extrême du corium, on ne sait toujours pas de manière certaine où en est la situation à Fukushima. Une chose est sûre c'est qu'elle dépasse totalement nos compétences en terme d'action en milieu radioactif. Le confinement des matières radioactives à Fukushima n'est pas maîtrisé.

Voir l'article du blog de Paul Jorion : la poursuite infernale des coriums 



Three Mile Island

Lors de l'accident nucléaire de Three Mile Island en 1979, la fusion du coeur du réacteur a été partielle. Seulement 20 tonnes de corium se sont formés, contre une centaine pour un réacteur de Fukushima. La progression a pu être stoppée par la dernière barrière de protection.

Voir Wikipedia : Accident nucléaire de Three Mile Island




En France

La France a connu 2 fusions partielles de réacteurs en 1969 et 1980 dans la centrale de Saint-Laurent-Des-Eaux. Il n'y a eu officiellement aucun effet sur l'environnement ou la population.

Voir Wikipedia : Echelle internationale des évènements nucléaires




Risques

Si le corium rencontre de l'eau, alors une grande quantité d'hydrogène est produit, et peut provoquer une explosion liée à la pression. Une telle explosion pourrait éparpiller les éléments radioactifs sur plusieurs centaines de km.
Les explosions qui ont eu lieu à Fukushima n'étaient pas de cette nature mais étaient du à l'évaporation de l'eau refroidissant les réacteurs. Néanmoins, elles ont provoqué la pollution une vaste étendue de terre, rendant ces zones inhabitables, et ce pour plusieurs générations.



Les piscines d'entreposage

Les combustibles utilisés dans les réacteurs peuvent émettre de la chaleur pendant des années. Il faut donc les refroidir en permanence. Si ce n'est pas le cas, des incendies peuvent se déclarer et disperser des particules radioactives dans l'atmosphère. Personne ne pourrait alors intervenir sur le site à cause des radiations.

Voir Wikipedia : piscines d'entreposage



Piscine de l'unité 4

Les craintes se portent sur la piscine du liée au réacteur 4. Perchée à 30 mètres du sol, la piscine menace de s'écrouler à tout moment, suite à l'un des nombreux séismes de la région. Elle contient 264 tonnes de combustible. Son effondrement provoquerait bien plus de pollution que tout ce qui est arrivé jusqu'alors. Son démantèlement ne devrait pas être terminé avant 2015. Il faudra compter plus de 40 ans pour l'ensemble de la centrale.

Voir l'appel urgent sur le site Fukushima over-blog.




Irradiation

L'irradiation est la conséquence d'une exposition de rayonnements ionisants. Ce sont des rayonnements assez énergétiques pour modifier la matière qu'ils traversent. Il existe un rayonnement naturel contre lequel les organismes vivants ont mis en place des mécanismes de réparation. Mais lorsque le rayonnement est trop important, ces phénomènes de protection sont dépassés et les cellules sont endommagés ou détruites massivement. Suivant la dose reçue les effets sur l'homme sont nombreux : cancer de la thyroïde, maladies respiratoires, gastriques, cardiaques, du sang, anémie…

Voir Wikipedia : Rayonnement ionisant

Effet sur plusieurs générations de papillons


Conséquences

Les effets sur long terme sont observables autour de Tchernobyl et font froid dans le dos. De 40% à 80% des enfants sont malades dans les zones contaminées. Les gens consomment en permanence des produits contaminés et ils sont donc de plus en plus malades. La population diminue dans les pays de la région.

Voir Le Dniepr, le journal des enfants de Tchernobyl



Contamination

La contamination a lieu lorsque des particules radioactives entrent dans l'organisme par la peau ou les voies respiratoires. Elles se fixent alors dans le corps et l'irradie en permanence. Les retombées dépendent des vents et des précipitations ce qui explique la répartition en tâche de léopard. Elles vont contaminer les animaux ou végétaux consommés par les gens qui ingèrent les matières toxiques.

Voir Wikipedia : Contamination radioactive



Contamination mondiale

La pollution a lieu sur les sols avec les retombées des poussières contaminées mais aussi dans les océans. Le refroidissement des installations, malgré les efforts pour contenir les eaux radioactives, déverse toujours des polluants dans la nappe phréatique et dans la mer. Les mesures effectuées sont alarmantes, comme ce poisson pêché près des côtes, qui dépasse 2500 fois les normes sanitaires.

Voir article sur les moutons enragés.



Mauvaise communication

Tepco, le gouvernement nippon et le gouvernement français font tout leur possible pour minimiser les risques et rassurer la population. Alors qu'il faudrait jouer la transparence, les japonais jouent plutôt la désinformation.

Voir le souffle c'est ma vie : La catastrophe nucléaire de Fukushima n'a jamais existée.



Mais pourquoi ?

Le réacteur n°1 de la centrale a été mis en service en 1971. Après 40 ans de fonctionnement il aurait du être arrêté mais il a été prolongé de 10 ans peu avant l'accident. Les réacteurs 5 et 6 n'ont pas été atteints car ils ont été construit 10 mètres plus haut. Pourtant le risque de tsunami est bien connu mais l'évaluation des risques avait été repoussée.
Les rapports d'enquête sont édifiants : risques sismiques sous-évalués, négligences de sécurité, reports de mesure de sécurité. Des mesures qui auraient pu éviter la catastrophe n'ont pas été prises.

Voir les articles sur fukushima.over-blog :

Les problèmes organisationnels dans la prévention de la catastrophe de Fukushima
Rapport de la commission indépendante sur la catastrophe nucléaire de Fukushima : la vérité dévoilée


Extrait de l'article "Fukushima: les vraies causes" sur Le Temps :
Pourtant, depuis 2006, ils[Tepco] sont conscients qu’un tsunami atteignant le niveau de la centrale est susceptible de provoquer une panne d’électricité générale. Ils considèrent toutefois le risque si faible qu’ils ne donnent aucune instruction aux employés de la centrale en cas d’accident majeur. Pire: ils ne parviennent pas à s’entendre sur les conséquences d’un tel accident. Ils tergiversent, ce qui contribuera à un retard dans les mesures à prendre dans les jours qui suivent la catastrophe.
[...]
Les causes de l’accident trouvent en partie leurs origines en 2006. A l’époque, les responsables des autorités de réglementation discutent avec le management de Tepco. Une panne générale d’électricité à Fukushima Daiichi est possible si un tsunami atteint le niveau de la centrale, reconnaissent-ils. Ils estiment aussi que le cœur du réacteur pourrait être endommagé en cas de panne des pompes à eau. L’autorité de réglementation demande poliment à Tepco d’évaluer les risques. Elle n’y voit aucune urgence et laisse l’initiative de l’expertise à l’opérateur. Ce dernier se soucie d’abord de ses intérêts financiers et ne fournit aucune évaluation des risques, comme l’agenda le prévoyait en juin 2009. Il préférera repousser l’échéance à 2016 pour faire des économies. En effet, un renforcement des structures de la centrale nucléaire coûterait cher. L’autorité de réglementation n’y voit aucun inconvénient, elle acquiesce. Fukushima Daiichi est toujours jugée sûre, tout comme les autres centrales du Japon. Pro-nucléaire, le Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie ne dit mot.



Le nucléaire dans le monde

D'après l'agence internationale de l'énergie atomique, il y a 437 réacteurs nucléaire dans le monde et 64 en construction. Autant de catastrophes potentielles.

La France avec le 2ème parc nucléaire au monde tire 75% de sa production électrique de l'énergie issue de la fission de l'uranium.
Face aux futurs problèmes pour produire l'énergie c'est un moyen dont les pays ont de plus en plus recours.





Les ressources

L'énergie nucléaire est basée sur une ressource : l'uranium. Les réserves ne sont pas inépuisables et elles resteraient économiquement exploitables encore un siècle tout au plus.

Voir Wikipedia : Exploitation de l'uranium




Essais nucléaire militaires

Plus de 2000 explosions nucléaires militaires ont aussi participé grandement à la pollution.



Conclusion

Les accidents nucléaires risquent d'arriver de plus en plus souvent. En effet, l'épuisement des hydrocarbures va pousser les états à recourir à d'autres sources d'énergie, comme le nucléaire. Les questions financières vont avoir un impact direct sur la sécurité des centrales. Ce fut déjà le cas à Fukushima Daiichi et à Tchernobyl.
Les zones contaminées sont invivables et le sont pour longtemps. De plus elles peuvent être très étendues, comme on l'a vu avec Tchernobyl.
Quand arrivera la prochaine catastrophe nucléaire ? Où se produira-t-elle ? La réponse se trouve sur cette carte.



Pour finir en musique...

En 1982, Castelhemis chante "Les centrales", toujours autant d'actualité.
A écouter sur bide et musique :

Un train ça peut dérailler par accident
Un tunnel peut s'effondrer par accident
Un avion ça peut tomber par accident
Une fusée ça peut foirer, ça peut arriver

Oui mais les centrales
C'est la technologie idéale
C'est la sécurité optimale
C'est l'infaillibilité totale
Puisque on te l'dit
Puisque on te l'dit
...